Promenade en raquettes dans les montagnes bulgares
Au petit-déjeuner, je souhaite changer par rapport à la dernière fois. Marre du fromage salé et de la charcuterie le matin ! Alors j'opte pour des croissants. Miam ! C'était sans compter sur le fait que l'un est fourré à la confiture de myrtilles et l'autre aux lardons. La vie est parfois rude ...
Patricia et Hervé nous rejoignent. Hier, ils étaient partants pour la banlieue, aujourd'hui un peu moins. Nous nous séparons donc et, avec Laëtitia, prenons un taxi pour l'église de Boyana inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Sur la fin, le chauffeur est un peu perdu et demande plusieurs fois son chemin. Il finit même par embarquer un local. Le sanctuaire est discrètement caché au fond d'un petit parc, dans une ville sur les hauteurs de la capitale. Introuvable pour celui qui n'a pas d'indications précises. Nous prenons une guide francophone pour pouvoir mieux profiter tant qu'à être là.
L'église se compose de trois bâtiments : le premier à l'est a été édifié au Xème siècle, le second date du Moyen-Age (1259) et le dernier est bien plus récent et sert de sas pour protéger les fresques intérieures. Celui du milieu comprend en outre un étage non accessible pour la visite. Les murs sont très intéressants : les pierres récupérées à Sofia côtoient les briques de terre cuite et de nombreuses décorations parmi lesquelles des dents de loup ou des poteries incrustées dans la paroi de forme soit ronde soit en trèfle, un symbole du christianisme.
L'extérieur comprend également des sépultures dont la tombe d'une reine très appréciée au début du siècle dernier. Notre guide nous explique ensuite que l'église se trouvait sur une route fréquentée, gardée par cinq familles. Elle est dédiée aux saints Nicolas et Pantéleimon.
Nous pouvons alors entrer. En temps normal, la présence se limite à dix minutes mais, étant seuls sur le site et très curieux, nous allons avoir le droit à vingt minutes au total. Passée la salle de transition, nous pénétrons dans le joyau : 2 salles couvertes de fresques du 13ème siècle en très bon état. Dans le bâtiment intermédiaire, 18 peintures relatant les miracles de St Nicolas. 400 personnages sont représentés dans le sanctuaire dont deux couples royaux. A chaque fois, le roi tient une bourse contenant de la terre pour lui rappeler en permanence qu'il est issu de la Terre et non d'essence divine, en d'autres mots qu'il n'est qu'un médiateur. Deux niches latérales devaient abriter les dépouilles des saints-patrons mais ce n'est pas le cas puisque l'une d'elles comprend la représentation de St Jean de Rila.
Dans l'église la plus ancienne au plan en croix grecque, la coupole représente Jésus Pantocrator (= en gloire). En-dessous, les 4 archanges, les 4 évangélistes et 4 fresques représentant Jésus ou son visage sur un linceul. Sur le mur ouest, mitoyen à l'annexe de 1259, l'Assomption ou Dormition de la Vierge : son corps est étendu sur une couche tandis que son âme prend l'apparence d'un petit personnage blanc dans les mains du Christ. La vie de Jésus est représentée via un antagonisme : au sud, les événements heureux (nativité, baptême, miracles ...), au nord, les événements malheureux (procès, chemin de croix, crucifixion ...).
Notre guide insiste sur ce qui contribue à faire de cette église un endroit à part : le réalisme novateur des peintures murales, la profondeur des fresques sur plusieurs plans, la perspective, les détails et représentations du mouvement, l'individualisation et l'expression de chaque visage, la Cène avec sur la table de la nourriture campagnarde (ail, oignon, herbes ...). Ce monument est éblouissant un peu comme Rila mais avec ses propres caractéristiques et davantage de discrétion puisque le trésor est exclusivement à l'intérieur. Je suis si content que nous ayons été d'accords pour venir jusqu'ici ce matin ! Nous aurions vraiment raté quelque chose sinon.
Pour rentrer à Sofia, il n'y a évidemment pas de taxi devant le site trop retiré. Nous descendons donc un petit peu à pied pour en prendre un. Avant de partir, nous avons eu la bonne idée de faire inscrire en cyrillique le nom de nos destinations aller et retour ce qui facilite nettement la tâche.
Nous marquons une pause pour l'achat de souvenirs dans un souterrain donnant accès au métro puis rejoignons le marché aux femmes que peu de personnes arrivent à nous indiquer. Pourquoi ce nom ? Je n'en ai aucune idée et n'ai pas trouvé de pistes sur Internet. C'est une longue étendue qui propose des produits pour tous les goûts, de toutes les régions du pays et de toutes les saisons : il y a même des fraises ! Les prix sont en outre dérisoirement bas (ex : un kilo de pommes pour 60 centimes). A sa sortie, nous sommes devant l'hôtel et à côté de la Poste. Le seul lieu que nous cherchions encore pour expédier les cartes à nos proches.
De mon dernier repas, je retiendrai deux éléments : le banitza, ce feuilleté au fromage délicieux découvert hier et racheté aujourd'hui, et surtout l'excellent cadeau de Laëtitia, une glace noisette-praline. C'est sûr, je repartirai avec toi !
Ne reste plus qu'à changer nos devises et à retourner à l'hôtel. Pas tout à fait une formalité puisque nous avons dû nous rendre dans trois bureaux différents pour y parvenir. C'est vrai que l'euro est une monnaie rare et lointaine.
Comme à son habitude, Ivan est en retard à notre rendez-vous. Avec le chauffeur nous commencions à nous poser des questions quand il est arrivé en voiture. Les skis à l'intérieur nous donnent des indices sur l'explication probable. Le seul avantage c'est que, pour une fois, nous ne nous éternisons pas dans l'aérogare et ça, je lui en suis reconnaissant.
Le vol retour passe également rapidement grâce à ma binôme avec qui nous jouons aux cartes pendant près d'une heure. Merci de m'avoir rendu ce retour moins pénible car je n'apprécie pas les vols où il n'y a pas l'espoir de découvrir de nouvelles contrées au bout. Finalement, je n'aurais pas eu à attendre autant que je croyais avant une nouvelle séance de jeu partagée. Que du bonheur !