Promenade en raquettes dans les montagnes bulgares
Voici la troisième fois que je pars avec Laëtitia. Etant donné que les précédentes se sont très bien passées, que le monastère de Rila était dans mon viseur et que mon précédent séjour en raquettes, il y a un an en Roumanie, s'était bien déroulé, comment aurais-je pu refuser sa proposition fin décembre dernier ? Pourtant à quelques jours et heures du départ, un petit nuage vient obscurcir ce ciel dégagé. "Tant mieux, ça fera un peu plus de neige !" dirait l'éternel optimiste. Certes mais je ne parle pas de ce type de nuage dans le cas présent. J'ai accepté l'offre sans prêter attention à ce petit astérisque anodin, presque une tâche d'encre involontaire ou une phrase murmurée plus faiblement que les autres. Et cette négligence me conduit aujourd'hui dans un pays où le concombre est à priori un élément très présent dans la gastronomie. Mama mia, mais qu'ai-je fait ! Jusqu'à présent, je suis en bonne santé et en bonne forme mais dans quel état serai-je après une semaine de cure de concombres si les prédictions les plus pessimistes se réalisent ?
J'arrête à présent d'évoquer mes problèmes de conscience personnels pour passer à ceux des collègues et inconnus autour de moi. Déjà il y a ceux qui ne savent même pas où c'est. Je précise donc que ce pays est sur le bord de la mer Noire, au sud de la Roumanie et au nord de la Grèce et de la Turquie. A première vue, c'est un pays qui ne laisse pas le quidam insensible. Dans mon laboratoire des questions les plus débiles, j'ai ainsi eu le droit à "en Bulgarie !!! Mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas ?". Comme s'il n'y avait rien à faire hors de France ? Peut-être aurais-je du répondre "apporter la civilisation à des Barbares" ou "je pars en croisade contre les Ottomans" mais le risque était d'être pris au premier degré. Autre question pertinente toujours dans mon entreprise : "et tu parles bulgare ?". Là, je n'ai pu éviter un : "bien sûr c'est pour cela que j'ai été recruté ici. Pas toi ?". Enfin, à la montée dans l'avion, il y a le steward qui écoute une partie de ma conversation sur la Bulgarie avec Laëtitia, en français sans accent. Piqué de curiosité, il ne peut s'empêcher de sortir après sa salutation de rigueur "vous êtes bulgares ?". "Juste au retour !" lui ai-je lancé compatissant.
C'est avec ces questions très intéressantes que je clos mon introduction pour attaquer le vif du sujet : notre voyage.