Promenade en raquettes dans les montagnes bulgares
Ce matin, lever toujours à la même heure dans notre sauna bulgare (les radiateurs fonctionnent à fond). Les mioches ayant fait la foire tard hier soir, nous entendons plutôt les mouches voler. Ca fait du bien ! Au petit-déjeuner, saucisson et fromage fort se partagent l'assiette.
Nous partons pour quelques tours de roues en minibus. Konstantin a repris du service. Il nous dépose avec nos raquettes et des sacs légers puis disparait avec le gros des bagages. Nous devons porter aujourd'hui le nécessaire pour la nuit car nous allons dormir ce soir dans un refuge isolé, inaccessible par la route.
Nous empruntons pour débuter une piste seulement ouverte par une motoneige. Un couloir de conifères nous entoure comme d'habitude, sauf qu'aujourd'hui, ça va être quasiment tout du long. Les premiers temps, la piste est nette, plate, sans difficulté particulière. Nous passons au-dessus d'une rivière d'où s'élèvent plusieurs pains de sucre en neige couvrant probablement quelques gros rochers à demi immergés.
En 4 à 6 kilomètres, nous parvenons à un premier refuge fermé : celui de Vada (1410m). De là, la trace est minime et c'est "à la cuisse" qu'il va falloir la dessiner. Deux traversées de ponts interviennent successivement. La première est facile tant l'ouvrage de bois est large. Seule Lilo, pas totalement concentrée, tombe à l'eau. Le second est plus délicat : il s'agit de rondins ou plutôt de troncs d'arbres abattus que l'épaisseur de neige ne permet pas de différencier des pièges du terrain. Ouvrant la marche, je me dirige vers l'un d'eux, dérape inévitablement du tronc et finis une nouvelle fois coincé dans un trou. Depuis hier, j'ai tendance à me comparer à une balle de golf qui finit toujours au fond du trou. Cette fois-ci je suis sorti de ce mauvais pas par Laëtitia et lui en suis reconnaissant.
Vers midi, nous atteignons un nouveau refuge : celui de Lovna (1654m). Nous nous y installons à l'abri pour pique-niquer à côté du gardien et de hollandais qui effectuent le trajet inverse du nôtre. Nous repartons dans la fraîcheur. Le sentier se fait plus raide. Sur notre droite, la vue se dégage progressivement à travers le couvert. Ivan nous invite un peu plus tard à poursuivre à notre allure tandis que lui restera en arrière avec Françoise. Laëtitia ouvre la voie telle une sherpa expérimentée et nous suivons son rythme à 3. Elle nous conduira ainsi jusqu'au refuge des Sept Lacs (2100m) en terminant par un plateau dégagé balayé par un fort vent, lieu d'arrivée d'un télésiège aujourd'hui à l'arrêt. Dans notre dos, la vue est sans cesse plus dégagée sur le Balkan, Vitocha et notre massif actuel du Rila. Nous rentrons dans le refuge et attendons nos deux poursuivants.
Une fois réunis, nous nous séparons de nouveau : Laëtitia décide de rester au chaud tandis que j'allonge la journée en compagnie de Patricia et Hervé. Nous commençons par contourner l'hôtel et nous diriger vers les lacs de Rila. Une demi-heure aller-retour à avancer contre le vent et Patricia qui décide de rebrousser chemin à un vallon de l'objectif : un promontoire d'où nous devinons la forme d'une cuvette au pied d'un éperon rocheux et à proximité immédiate d'un ancien refuge. Nous nous retrouvons tous les trois devant l'hôtel et décidons de partir dans une seconde direction pour la prochaine demi-heure. Les deux huskys estiment que la balade vaut le coup et nous emboitent le pas. Nous aboutissons rapidement à un très beau belvédère avec un amas rocheux et un sapin isolé. La vue Vitocha-Balkan-Rila est parfaitement dégagée et nous en profitons pour une petite séance photos-film. Nos compagnons à 4 pattes, désintéressés, nous abandonnent. Repus de cette vision, nous regagnons définitivement le refuge et y parvenons vers 17h30.
Auprès de la cheminée, je retrouve Laëtitia en train de broder. La figure avance bien depuis les derniers jours. En revenant de la douche qu'elle m'a un peu chauffée, je m'installe sur la même banquette et écrit. Le reste du groupe nous rejoint au compte-goutte et nous discutons tout en suivant distraitement la débâcle d'une pauvre femme repartant avec 5€ d'"A prendre ou à laisser" version bulgare.
Le signal du repas est donné et le plaisir va être autant pour les yeux que pour le ventre avec du kavarma un plat traditionnel à base de viande, d'oignons, de champignons et de poivrons notamment puis un yaourt bulgare. Comme nous dormons tous dans la même chambre ce soir, nous nous réunissons autour d'une table pour disputer quelques manches de Uno. L'ambiance est de la partie avec des règles qui mettent sous pression. Un moment de convivialité partagée pour un soir.